Ouvert en octobre 2014, le Troisième Café est une initiative citoyenne d’une poignée d’habitants du 3e arrondissement de Paris. Pour porter leur projet, ils ont décidé de se constituer en association à but non lucratif.
Créée en 2012, l’association Les amis du Troisième café compte aujourd’hui plus de 5.000 adhérents dont une cinquantaine de bénévoles actifs.
Pourquoi un café associatif dans le 3e ?
La pression immobilière qui touche l’ensemble de Paris et plus particulièrement le centre de la capitale a entraîné de profondes modifications sociales et économiques. Dans le 3e arrondissement, celles-ci se sont traduites par une raréfaction des commerces de proximité et une diminution très sensible des ménages populaires et moyens remplacés par des ménages plus aisés (c’est ce qu’on appelle la gentrification). Cette uniformisation sociale a eu pour conséquence une perte de diversité qui, nous semble-t-il, devient préjudiciable au vivre ensemble. Elle exclut, petit à petit, de la vie économique, sociale et culturelle de l’arrondissement, la frange de la population aux revenus les plus modestes (le 3e compte 3.500 logements sociaux dont environ 600 logements très sociaux). Cette population pâtit notamment de l’augmentation sensible du coût de la vie liée à la gentrification.
Notre idée
Pour tenter de modérer ce phénomène, un collectif d’habitants du centre de Paris s’est constitué pour travailler autour d’un projet de café associatif. Espace de convivialité proposant une activité de limonade ainsi que de la petite restauration, le Troisième café a pour ambition d’être un lieu accessible à tous grâce à des prix très raisonnables. Mais l’objectif des « amis du Troisième café » ne se limite pas à l’ouverture d’un établissement de restauration à prix modérés. Par sa gestion essentiellement bénévole, par l’organisation d’événements, d’animations et d’ateliers, par la mise en place de permanences associatives, le Troisième café a vocation à devenir un lieu de rencontres et de sociabilité, riche de la diversité sociale, culturelle, économique, générationnelle et associative du 3e arrondissement. Le Troisième café souhaite à terme devenir un lieu incontournable de l’animation de la vie locale.
Les objectifs
1. Promouvoir le vivre ensemble
Le Troisième Café a pour objectif de favoriser la mixité sociale, culturelle et générationnelle dans le 3e arrondissement par une politique de prix doux. Lieu de rencontres et d’échanges dans un cadre chaleureux et convivial, il vise à favoriser la sociabilité et le vivre ensemble.
2. Faire vivre la solidarité
Au Troisième café, on pratique le « café suspendu », ce beau concept venu de Naples en Italie, qui consiste à payer en avance une consommation (café, plat, ou tout autre chose) pour quelqu’un qui n’a pas les moyens de se la payer. Le café reste « suspendu » tant qu’il n’a pas été consommé… En moyenne, une dizaine de « plats suspendus » sont offerts tous les jours.
3. Favoriser la participation citoyenne
Structure associative, le Troisième Café fonctionne principalement grâce à ses bénévoles. Le principe de participation s’applique tant à l’animation du lieu qu’à la gestion de l’association. Chacun peut librement proposer des initiatives conformes à l’objet social du café. Un lundi par mois, une réunion de programmation permet à chacun de proposer ses idées et de faire vivre la programmation du café.
4. Respecter l’environnement
S’inscrivant dans une démarche de respect de l’environnement, le Troisième Café met en pratique au quotidien une série d’actes « écologiques » : récupération des invendus, tri des déchets, économies d’eau et d’énergie, mobilier recyclé, achat de matières premières locales et/ou bio, etc.
4. Insérer par le travail
Inscrivant son action dans le champ de l’économie sociale et solidaire, le Troisième Café emploie aujourd’hui six salariés en privilégiant l’embauche de personnes éloignées de l’emploi. Il s’attache à accompagner ses salariés dans l’acquisition de compétences professionnelles « monnayables » sur le marché de l’emploi.
5. Proposer des services
Le Troisième Café propose une série de services aux habitants du 3e. Par exemple, un atelier numérique, une assistance administrative, ou un atelier de médiation. Il est également, à l’occasion d’événements spécifiques au 3e, un lieu de débat participatif.
6. Encourager les échanges et la transmission des savoirs
A travers les ateliers et les animations, proposés et organisés par les bénévoles de l’association, les habitants du 3e ou les associations locales, le Troisième Café a vocation à être un lieu de partage et d’échange de cultures, de loisirs, de services, de savoirs et de savoir-faire.
Quelques jalons dans l’histoire du Troisième café…
De septembre 2010 à février 2011, un collectif d’habitants du 3e se forme avec pour mission de définir avec précision les contours du projet d’un café associatif et d’en étudier la faisabilité.
Deux études sont menées afin de valider la pertinence de ce projet
- le groupe se penche sur le fonctionnement de six cafés associatifs parisiens pour réaliser un « benchmark »
- une étude auprès des habitants du 3e met par ailleurs à jour l’intérêt de la population du centre de Paris pour l’implantation d’un café associatif et solidaire.
Peu de temps après, une association voit le jour : les amis du Troisième café.
- 23 février 2012 : assemblée générale constitutive (25 adhérents). Lire ici les statuts de l’association des amis du Troisième café.
- 7 avril 2012 : parution au JO de l’annonce de création de l’association des amis du Troisième café.
Le 10 octobre 2014, deux ans et demi après la création de l’association, le Troisième café ouvre ses portes au 16 rue de Beauce, Paris 3e.
Dans un premier temps, il fonctionne avec une salariée, notre cuisinière Mahassen, uniquement le midi, cinq jours par semaine, avec l’aide de bénévoles.
Puis dès février 2015, le Troisième café embauche sa deuxième salariée, Catherine, puis quelques mois plus tard, Nathalie et Thomas.
A partir du 1er septembre 2015, le Troisième café ouvre midi et soir.
Au 1er janvier 2017, le Troisième café est ouvert du mardi au samedi, midi et soir, et fonctionne grâce à 6 salariés. Il compte près de 4.000 adhérents.
A l’été 2017, les péripéties commencent… Le gouvernement décide de geler le renouvellement des emplois aidés, en attendant de les supprimer complètement. Pour le Troisième café qui fonctionne avec 4 emplois aidés (sur 5 salariés), c’est une catastrophe. Les contrats des 4 salariés concernés arrivent à échéance respectivement les 31 août, 15 septembre, 30 septembre et 31 octobre. Les deux contrats qui arrivent à échéance le plus vite ne sont pas renouvelés. Ne fonctionnant plus qu’avec trois salariés, le Troisième café est obligé de réduire sérieusement la voilure et de fermer le soir (sauf le vendredi et le samedi).
Au 31 décembre 2017, le Troisième café compte toujours 3 salariés et passe la barre des 5.000 adhérents juste avant Noël !